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Va ! garde-les pour toi ces dons que tu me vantes,
Je ne me nourris point de paroles savantes ;
C’est du pain qu’il me faut,
Un oreiller plus doux pour reposer ma tête,
Un foyer mieux nourri pour braver la tempête,
Un vêtement plus chaud.

Libre ainsi par le corps, je veux l’être par l’âme.
Je veux pouvoir, un jour, me choisir une femme,
Me créer, sous son aile, un sort selon mes vœux,
Élever des enfants qui béniront leur père,
Et sauront s’affranchir du joug de la misère,
Eux, et leurs fils, et leurs neveux.

Ce grand jour ne luit pas encore,
Mais déjà mon front se colore
Des premiers feux de son aurore,
Doux comme un regard du printemps ;
Tandis qu’une nuit plus profonde,
Pleine de l’orage qui gronde
Aux confias de l’antique monde,
S’abaisse sur les yeux des Grands.

Par la lucarne de ma geôle,
J’entends, le soir, une parole
Qui me caresse et me console,
Monter doucement vers mon cœur,