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Mais bientôt le clairon d’un messager de guerre
Ramène, humble et troublé, cet homme à nos genoux :
Il vient pour racheter d’une mort- trop vulgaire
Les jours d’un fils promis à des destins plus doux ;
Parcourant d’un regard qui tente de sourire
Mes membres ranimés et guéris de leurs maux,
Il bénit le Seigneur, et semble me prédire
Pour d’autres temps des dons nouveaux.

Ah ! c’est qu’il m’a trouvé bon pour la boucherie !
Regardez ! il se lève, il s’approche de moi,
Me guide avec respect vers ma mère attendrie,
Fait briller un peu d’or… Riche, retire-toi !
Je connais le secret de ta noble tendresse,
Mon Dieu !… Sais-tu pourquoi ton insensible orgueil
À déposé sa morgue et laissé sa rudesse
Sous l’humble ormeau de notre seuil ?

Pour que je coure, ô Grand, moi pauvre prolétaire,
Défendre, n’est-ce pas, tes superbes châteaux,
Agrandir d’un arpent tes mille arpents de terre,
Ajouter une tête à tes vastes troupeaux,
Multiplier les mets sur ta splendide table,
Élargir les caveaux de tes joyeux celliers,
Et creuser des canaux dans nos déserts de sable
Pour l’écoulement seul de l’or de tes fermiers.