Page:Weustenraad - Poésies lyriques, 1848.djvu/141

Cette page n’a pas encore été corrigée


En vain reclouez-vous le char de la vengeance,
Dans la tranchée, en vain, rougissent les boulets,
S’ajuste la cuirasse et s aiguise la lance,
Et frémit l’acier des mousquets ;

Dieu ne permettra pas que votre main impure
Brise l’agrafe d’or de la riche ceinture
D’amour et de beauté,
Que lui-même a nouée autour des flancs sauvages
De la terre souffrante et livrée aux ravages
De l’homme révolté,
Pour calmer ses douleurs, pour amortir ses haines,
Et pour transmettre au sang qui coule dans ses veines
Sa propre sainteté.

Jetez donc là le glaive et ce sombre plumage
Qui se flétrit et tombe au souffle de la Paix,
Et jonchera bientôt de son vain étalage
L’antichambre de nos palais.

Soldats ! je vous le dis : l’homme est las de la guerre.
Le sang versé par vous sera du sang perdu,
Quelque pur qu’il puisse être ; aussi le tien, mon frère,
Fut-il vainement répandu,

Et ne fera-t-il pas, au fond de nos vallées,
Disparaître et périr l’herbe aux sucs vénéneux,
Ni pousser, dans nos champs, des gerbes étoilées
Aux épis plus nombreux.