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Au pied toujours fumant de ces colonnes sombres,
Gigantesques flambeaux d’un infernal palais,
Regardez se presser et s’agiter ces ombres
Dont l’éclat des fourneaux plisse et rougit les traits ;
Regardez, sous leurs crocs, teints d’une ardente écume,
Le frémissant métal, par le feu dévoré,
Se tordre, s’allonger, et, sans qu’il se consume,
Fondre en nappes de lait doré.

Écoutes ces rumeurs profondes
Que sillonnent des cris sifflants,
Ces bruits de la flamme et des ondes
Se livrant des assauts hurlants ;
Étrange et sauvage harmonie
D’éléments toujours divisés,
Déchaînés là par l’Industrie,
Et par elle aussi maîtrisés.

Mais voici, devant nous, la gloire de la plaine,
De l’empire du feu voici l’illustre reine,
La haute et vaste Tour,
Qui, dans nos temps de paix, porte, pour oriflamme,
Sur sa tête d’airain, un panache de flamme,
Et la nuit et le jour ;
La Fournaise géante, où le fer et la houille
Se dévorent entre eux, en changeant de dépouille,
Dans un combat à mort,