Page:Wessenberg - La Route du Simplon.djvu/43

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 43 —

Que j’aurais de plaisir à vous ajouter d’autres observations, si je n’étais plutôt à vous rendre compte d’une expédition militaire que d’une expédition scientifique ! Il en est une cependant que je croîs pouvoir joindre ici. Elle s’attache à la découverte que j’ai faite, de la singulière influence du premier quartier de la lune sur les vicissitudes atmosphériques ; elle rend compte d’un des phénomènes météorologiques qui m’avaient le plus souvent et le plus infructueusement occupé jusqu’à mes voyages fréquens, tant au Mont-Simplon qu’au Mont-Gemmi ; elle détrompera, je crois, aussi ceux qui attribuaient uniquement les pluies, ordinairement si abondantes, fin de Mai et commencement de Juin, au solstice d’été. Non, ces pluies, pour la France par le vent d’est, et pour l’Italie par le vent d’ouest, ne tiennent qu’à l’état détrempé par la fonte des neiges que contracte alors l’immense superficie des montagnes, qu’à la renaissance d’une infinité de lacs, de ruisseaux et de rivières vers cette même époque, sans que la chaleur soit encore assez forte pour absorber tant d’humidité ; je les ai vus, ces réservoirs éternels des eaux qui doivent entretenir les rivières lorsque les pluies hybernales cessent de les grossir. Le commencement surtout de la fonte des neiges métamorphose en surface humide celle qui était avant très-sèche, par l’effet de la neige, et qui le redevient ensuite par l’effet de la chaleur ; mais le vent d’est ne peut d’abord qu’apporter en France des pluies très-froides, très-abondantes, comme il le fait toujours à cette époque, et comme il cesse entièrement de le faire après cette même époque.