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français avaient été estimées à 9,200,000 Frs., dont en 1812 6,100,000 étaient effectivement dépensées. Les sommes employées par le gouvernement italien, dépassaient en 1811, déjà 5,000,000. Il venait d’allouer alors 1,060,000 Frs. pour un pont sur le Tessin à Sesto, et la totalité de ses dépenses effectives n’aura pas été au dessous de huit millions, en sorte qu’il n’y aura pas d’exagération, en évaluant l’ensemble de ce qu’a coûté la route du Simplon, à une somme ronde de 17 millions[1]. De grandes sommes ont été ainsi répandues dans des contrées où l’industrie et les idées commerciales rencontraient jusqu’alors de grandes difficultés, et l’établissement d’une communication aussi magnifique que commode aurait pu devenir pour les habitans du Valais une époque de régénération, si des souvenirs d’indépendance et un esprit, peu industrieux ne les avaient empêché d’en profiter autant qu’ils auraient pu.

Je voulais terminer cette description par quelques considérations sur l’importance militaire et politique, du passage des Alpes par le Simplon. L’auteur anonyme de l’intéressant mémoire : „Sur la Suisse dans l’intérêt de l’Europe[2] vient de remplir cette tâche mieux

  1. Les ouvrages entre Brieg et Algaby avaient absorbé à eux seuls dans les trois premières années 1801-1805, 3,248,000 Fr. et 1,960,000 ont été allouées pour l’année suivante 1805-1806. — Il paraît toutefois que l’esprit d’économie ne présidait pas d’abord à l’administration des travaux. Au commencement l’extraction d’un mètre cube de granit coûtait 72 Fr. ; Mr. Céard le réduisit à 12 Fr., et plus tard la route a été escarpée à raison de 4 à 3 Fr. et même à deux pour le mètre cube suivant la nature et la dureté du roc. Du côté de l’Italie les dépenses ont été comparativement moins fortes malgré la plus grande solidité et la plus grande magnificence des ouvrages, ce qu’il faut attribuer en grande partie à la qualité supérieure des matériaux.
  2. De la Suisse dans l’intérêt de l’Europe ; ou examen d’une opinion énoncée à la tribune par le général Sébastiani. Paris chez Anselin et Pochard. Janvier 1821.