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celui de Gondo. L’aspect de la route continue à être sauvage. Elle a été percée, près d’Iselle, dans un rocher saillant, qui, du côté du torrent, ne repose que sur un pilastre de granit, comparativement très mince. La coupe de ce passage est très hardie. Les fréquentes chutes de la Dovéria et les cascades formées par les torrens qui viennent s’y rendre, animent le paysage. À une lieue d’Icelle, on entre dans le riant vallon de Dovedro en traversant la Cherasca. Les vignes et les châtaigniers font pressentir le pays fortuné qu’on va atteindre. Mais bientôt les rochers se rapprochent de nouveau, et tout reprend un caractère sauvage, jusqu’au magnifique pont de Crévola d’où l’on découvre tout à coup la belle Italie ! Le coup d’œil est magnifique. Peu avant d’arriver à ce pont[1] on traverse la galerie de Crévola, ouverte dans le granit, éclairée dans le milieu et fort belle[2]. Le pont dont la construction et l’emplacement sont également remarquables, ferme la vallée du Simplon. Il est composé de deux arches en bois, de 20 mètres, 70 cent : (63 pieds) d’ouverture chacune, qui sont soutenues par une pile de pierre de taille, de 70 pieds de hauteur, et par d’immenses culées, affermies dans le roc[3]. On prend congé des sombres défilés de la Dovéria, où la nature, comme dit Mr. d’Echasseriaux, paraît avoir coulé et frappé en bronze. Le tableau que forme le bassin de Domo d’Ossola, offre un contraste bien
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  1. La distance du pont sur le Cherasca jusqu’à celui de Crévola est de deux lieues environ — et celle de la galerie de Gondo à Cherasca à peu-près la même.
  2. Elle a été exécutée en grande partie par l’ingénieur Latombe. Sa longueur est de 170 pieds environ.
  3. Il a été exécuté par les ingénieurs italiens sur les dessins de l’ingénieur en chef Mr. Céard.