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222 mètres sur 5 de largeur, et autant de hauteur. Elle a été tracée en ligne sinueuse, afin de faciliter la défense militaire de ce passage unique à côté duquel il n’y a d’autre espace que celui de la profonde crevasse, dans laquelle la Dovéria se brise contre les blocs de granit qui s’y accumulent toujours davantage. — L’effet de ce spectacle est encore augmenté par la cataracte de la Frasinone qui, à l’issue de la galerie, se précipite de plusieurs cents pieds de haut dans le gouffre de la Dovéria. Le pont qui franchit ce torrent, au milieu de sa chute, est composé d’une seule voûte en pierre, jetée d’un rocher à l’autre en ligne oblique. Les efforts qui ont dû être employés dans cette partie de la route, sont immenses. La grande galerie a exigé seule un travail constant de 15 mois, par plus de mille ouvriers. Les deux grandes ouvertures latérales qui y laissent pénétrer le jour, ont été faites à coups de pique. Les ingénieurs italiens qui ont dirigé spécialement l’exécution de ces travaux, auraient mérité une place sur la table de granit qui se trouve à l’extrémité de la galerie, du côté de l’Italie, avec la simple inscription : Aere italo 1805.

Les rochers ne diminuent pas encore. En plusieurs endroits ils ont la forme d’immenses tours ; en d’autres, d’énormes blocs de granit détachés semblent près d’ensevelir les passans. Beaucoup de ces rochers ont été étayés par de grands massifs de muraille. On est impatient de sortir de cette gorge au bout de laquelle on apperçoit une mauvaise auberge et quelques chétives maisons qui forment le soi-disant village de Gondo. L’auberge appartient aux Barons de Stokalper — son architecture lui donne plutôt l’air d’une prison que d’une maison destinée à soulager les voyageurs.

À trois quarts de lieue plus loin, on arrive à Iselle, le premier village italien, presqu’aussi misérable, que