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d’arriver au village de Sempione, reçoit les eaux du Sengbach. Le premier de ces torrens s’alimente des glaciers du Schönhorn, et l’autre de ceux du Rosboden. On les passe tous deux sur des ponts massifs, s’approchant toujours davantage des énormes masses de neige qui couvrent la base des glaciers, et dont la blancheur éblouissante est encore relevée par la couleur sombre des sapins qui les encadrent.

Le village Sempione est situé au fond d’une gorge étroite, formée de masses imposantes de rochers. Les glaciers du Rosboden en approchent à une petite lieue près et contribuent à rendre ce séjour des frimas, encore plus âpre et plus froid. Le sort des hommes qui se sont resignés à habiter un pareil désert, dans un pareil climat, n’est certes pas à envier. Toute leur fortune repose sur les secours qu’ils offrent aux passans, le sol leur refusant tout moyen d’existence. Les voyageurs ne seront pas fâchés d’apprendre, que dans ce plus triste des gîtes une famille française a entrepris, il y a peu d’années, d’établir une bonne auberge.

À une demi-lieue de Sempione la route tourne sur un angle très aigu, pour s’enfoncer dans l’étroite vallée de Krumbach, encombrée de blocs de granit et de gneiss que les torrens détachent continuellement des parois des montagnes. Le Krumbach se perd au milieu de ces débris dans un autre torrent, la Quirna, qui descend des glaciers de Laqui et prend après cette réunion le nom de Dovéria. Il faut se résigner à errer pendant cinq lieues de chemin dans des défilés qui semblent n’avoir pas d’issues, et dans lesquels en beaucoup d’endroits les rayons du soleil n’arrivent que par reflet. Dans tout ce trajet la nature opposait les plus grands obstacles à la construction de la route. Elle est aujourd’hui unie comme une allée de jardin