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obvier aux éboulemens fréquens qui résultaient de la composition schisteuse de la montagne.

Le trajet depuis Gliss jusqu’au pont du Ganther offre une des promenades les plus agréables. La forêt de mélèzes qu’on traverse, lui donne un attrait de plus par ses ombres et sa fraîcheur. Le voyageur, saisi à la fois par le mouvement continuel et par la magnificence des objets, se sent devenir toujours plus impatient des nouvelles scènes qui l’attendent. Il se détache toutefois avec peine du frais et riant paysage de Brieg surmonté de l’immense chaîne de glaciers qui s’étend depuis le Finsteraarhorn jusqu’à la Gemmi, et dont les aiguilles se dessinent comme d’immenses crénaux sur l’horizon de la Suisse.

À mesure qu’on avance sur la nouvelle route, les sites se multiplient. Une seconde forêt de sapins au delà de Berixal conduit à la galerie de Schalbet, percée sur une longueur de 33 mètres (95 pieds) dans une masse saillante de granit feuilleté. À l’extrémité de la galerie, on découvre le tracé de la route jusqu’au sommet, et dans le fond du tableau une partie de la chaîne méridionale des Alpes, ayant l’immense glacier du Rosboden presqu’en face, et à ses pieds le profond abîme où la Saltine et la Tavernette se réunissent avec grand fracas. Bientôt on atteint le passage le plus à pic et le plus dangereux. On a dû conduire la route, dans une petite étendue à la vérité, immédiatement au-dessous des glaciers de Kaltwasser desquels se détachent plusieurs torrens qui, grossissant d’un moment à l’autre et se précipitant avec impétuosité sur des pentes de rochers très-rapides, causent souvent de grands dégâts. D’ailleurs ce passage, est