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l’île du docteur moreau

il bondit en arrière. J’hésitai un moment, puis je m’enfuis à toutes jambes et tournai le coin du mur.

— Prendick !… hé !… Prendick !… l’entendis-je crier, tout étonné. Prendick !… Ne faites donc pas l’imbécile !…

Une minute de plus, pensais-je, et j’aurais été enfermé, tout aussi certain de mon sort qu’un cobaye de laboratoire. Il parut au coin de l’enclos d’où je l’entendis encore une fois m’appeler. Puis il se lança à mes trousses, me criant des choses que je ne comprenais pas.

Cette fois, j’allais à toute vitesse, sans savoir où, dans la direction du nord-est, formant angle droit avec le chemin que j’avais suivi dans ma précédente expédition. Une fois, comme j’escaladais le talus du rivage, je regardai par-dessus mon épaule, et je vis Montgomery suivi maintenant de son domestique. Je m’élançai furieusement jusqu’au haut de la pente et m’enfonçai dans une vallée rocailleuse, bordée de fourrés impénétrables. Je courus ainsi pendant peut-être un mille, la poitrine haletante, le cœur me battant dans les oreilles ; puis, n’entendant plus ni Montgomery ni son domestique, et me sentant presque épuisé, je tournai court dans la direction du rivage, suivant ce que je pou-