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l’île du docteur moreau

sante des étoiles frissonnaient sur les ondulations tranquilles de la mer. Un peu au large, les vagues se brisaient sur une bande irrégulière de récifs et leur écume brillait d’une lumière pâle. Vers l’ouest je vis la lumière zodiacale se mêler à la jaune clarté de l’étoile du soir. La côte, à l’est, disparaissait brusquement, et, à l’ouest, elle était cachée par un épaulement du cap. Alors, je me souvins que l’enclos de Moreau se trouvait à l’ouest.

Une branche sèche cassa derrière moi et il y eut un bruissement. Je fis face aux arbres sombres — sans qu’il fût possible de rien voir — ou plutôt je voyais trop. Dans l’obscurité, chaque forme vague avait un aspect menaçant, suggérait une hostilité aux aguets. Je demeurai ainsi, l’espace d’une minute peut-être, puis, sans quitter les arbres des yeux, je me tournai vers l’ouest pour franchir le promontoire. Au moment même où je me tournai, une ombre, au milieu des ténèbres vigilantes, s’ébranla pour me suivre.

Mon cœur battait à coups précipités. Bientôt la courbe vaste d’une baie s’ouvrant vers l’ouest devint visible, et je fis halte. L’ombre silencieuse fit halte aussi à quinze pas. Un petit point de lumière brillait à l’autre extrémité de la courbe et la grise éten-