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l’île du docteur moreau

tion à nous. Nous dînâmes avec lui, dans un silence maussade, après que j’eus inutilement essayé d’engager la conversation. Je m’aperçus aussi que les hommes d’équipage regardaient mon compagnon et ses animaux d’une manière singulièrement hostile. Montgomery était plein de réticences quand je l’interrogeais sur sa destination et sur ce qu’il voulait faire de ces bêtes ; mais bien que ma curiosité ne fît qu’augmenter, je n’insistai pas.

Nous restâmes à causer sur le tillac jusqu’à ce que le ciel fût criblé d’étoiles. La nuit était très tranquille, et troublée seulement par un bruit passager sur le gaillard d’avant ou quelques mouvements des animaux. Le puma, ramassé au fond de sa cage, nous observait avec ses yeux brillants et les chiens étaient endormis. Nous allumâmes un cigare.

Montgomery se mit à me causer de Londres, sur un ton de demi-regret, me posant toute sorte de questions sur les changements récents. Il parlait comme un homme qui avait aimé la vie qu’il avait menée et qu’il avait dû quitter soudain et irrévocablement. Je lui répondais de mon mieux, en bavardant de choses et d’autres, et pendant ce temps tout ce qu’il y avait en lui d’étrange commençait à m’apparaître clairement. Tout en causant, j’examinais