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l’île du docteur moreau

agréable, devint si infect et nauséabond que je dus le quitter, et, traversant l’île, je me construisis une sorte d’abri avec des branches au milieu des ruines incendiées de la demeure de Moreau. De vagues souvenirs de souffrances, chez les brutes, faisaient de cet endroit le coin le plus sûr.

Il serait impossible de noter chaque détail du retour graduel de ces monstres vers l’animalité, de dire comment, chaque jour, leur apparence humaine s’affaiblissait ; comment ils négligèrent de se couvrir ou de s’envelopper et rejetèrent enfin tout vestige de vêtement ; comment le poil commença à croître sur ceux de leurs membres exposés à l’air ; comment leurs fronts s’aplatirent et leurs mâchoires s’avancèrent. Le changement se faisait, lent et inévitable ; pour eux comme pour moi, il s’accomplissait sans secousse ni impression pénible. J’allais encore au milieu d’eux en toute sécurité, car aucun choc, dans cette descente vers leur ancien état, n’avait pu les délivrer du joug plus lourd de leur animalisme, éliminant peu à peu ce qu’on leur avait imposé d’humain.

Mais je commençai à redouter que bientôt ce choc ne vînt à se produire. Ma brute de Saint-Bernard me suivit à mon nouveau campement et sa vigi-