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l’île du docteur moreau

manifestait par des grimaces faites derrière mon dos et à une distance suffisante, hors de la portée de mes projectiles.

L’Hyène-Porc m’évitait, et j’étais toujours en alerte à cause de lui. Mon inséparable Homme-Chien le haïssait et le redoutait excessivement. Je crois réellement que c’était là le fond de l’attachement de cette brute pour moi. Il me fut bientôt évident que le féroce monstre avait goûté du sang et avait suivi les traces de l’Homme-Léopard. Il se fit une tanière quelque part dans la forêt et devint solitaire. Une fois je tentai de persuader les brutes mi-humaines de le traquer, mais je n’eus pas l’autorité nécessaire pour les obliger à coopérer à un effort commun. Maintes fois j’essayai d’approcher de son repaire et de le surprendre à l’improviste, mais ses sens étaient trop subtils et toujours il me vit ou me flaira à temps pour fuir. D’ailleurs, lui aussi, avec ses embuscades, rendait dangereux les sentiers de la forêt pour mes alliés et moi et l’Homme-Chien osait à peine s’écarter.

Dans le premier mois, les monstres, relativement à leur subséquente condition, restèrent assez humains, et même envers un ou deux autres, à part mon Homme-Chien, je réussis à avoir une amicale tolé-