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l’île du docteur moreau

mal ; je me dressai sur mon séant, me demandant tout d’abord où je pouvais bien être. J’entendis des voix rauques qui parlaient au dehors et je m’aperçus alors que ma barricade n’existait plus et que l’ouverture de la hutte était libre. Mon revolver était encore à portée de ma main.

Je perçus le bruit d’une respiration et distinguai quelque être blotti tout contre moi. Je retins mon souffle, essayant de voir ce que c’était. Cela se mit à remuer lentement, interminablement, puis une chose douce, tiède et moite passa sur ma main.

Tous mes muscles se contractèrent et je retirai vivement mon bras. Un cri d’alarme s’arrêta dans ma gorge et je me rendis suffisamment compte de ce qui était arrivé pour mettre la main sur mon revolver.

— Qui est-là ? demandai-je en un rauque murmure, et l’arme pointée.

— Moi, Maître.

— Qui êtes-vous ?

— Ils me disent qu’il n’y a pas de Maître maintenant. Mais moi, je sais, je sais. J’ai porté les corps dans les flots, ô toi qui marches dans la mer, les corps de ceux que tu as tués. Je suis ton esclave, Maître.