Page:Wells Ile du Docteur Moreau 1896.djvu/220

Cette page a été validée par deux contributeurs.
208
l’île du docteur moreau

pas, ramassai le fouet taché de sang qui était resté sous le cadavre de l’Homme-Loup et le fis claquer.

Ils s’arrêtèrent et me regardèrent avec étonnement.

— Saluez ! commandai-je. Rendez le salut !

Ils hésitèrent. L’un d’eux ploya les genoux. Je répétai mon commandement, la gorge affreusement serrée et en faisant un pas vers eux. L’un s’agenouilla, puis les deux autres.

Je me retournai à demi, pour revenir vers les cadavres, sans quitter du regard les trois bipèdes agenouillés, à la façon dont un acteur remonte au fond de la scène en faisant face au public.

— Ils ont enfreint la Loi, expliquai-je en posant mon pied sur le monstre aux poils gris. Ils ont été tués. Même celui qui enseignait la loi. Même l’Autre avec le fouet. Puissante est la Loi ! Venez et voyez.

— Nul n’échappe ! dit l’un d’entre eux, en avançant pour voir.

— Nul n’échappe, répétai-je. Aussi écoutez et faites ce que je vous commande.

Ils se relevèrent, s’interrogeant les uns les autres du regard.

— Restez là, ordonnai-je.

Je ramassai les deux hachettes et les suspendis à