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l’île du docteur moreau

— Quelle stupide invention que ce monde ! dit-il. Quel gâchis que tout cela ! Je n’ai jamais vécu. Je me demande quand ça doit commencer. Seize ans tyrannisé, opprimé, embêté par des nourrices et des pions ; cinq ans à Londres, à piocher la médecine — cinq années de nourriture exécrable, de logis sordide, d’habits sordides ; de vices sordides ; — une bêtise que je commets — je n’ai jamais connu mieux — et expédié dans cette île maudite. Dix ans ici ! Et pour quoi tout cela, Prendick ? Quelle duperie !

Il était difficile de tirer quelque chose de pareilles extravagances.

— Ce dont il faut nous occuper maintenant, c’est du moyen de quitter cette île.

— À quoi servirait de s’en aller ? Je suis un proscrit, un réprouvé. Où dois-je rejoindre ? Tout cela, c’est très bien pour vous, Prendick ! Pauvre vieux Moreau ! Nous ne pouvons l’abandonner ici, pour que les bêtes épluchent ses os. Et puis… Mais d’ailleurs, qu’adviendra-t-il de celles de ces créatures qui n’ont pas mal tourné ?

— Eh bien ! nous verrons cela demain. J’ai pensé que nous pourrions faire un bûcher avec le tas de fagots et ainsi brûler son corps — avec