Page:Wells Ile du Docteur Moreau 1896.djvu/178

Cette page a été validée par deux contributeurs.
166
l’île du docteur moreau

traîné par le magnétisme de ce mouvement. L’instant d’après je courais, au milieu d’une foule hurlante et tumultueuse, à la poursuite de l’Homme-Léopard.

C’est là tout ce que je puis dire nettement. Je vis l’Homme-Léopard frapper Moreau, puis tout tourbillonna autour de moi et je me retrouvai courant à toutes jambes.

M’ling était en tête, sur les talons du fugitif. Derrière, la langue pendante déjà, couraient à grandes enjambées bondissantes les Femmes-Loups. Les Hommes et les Femmes-Porcs suivaient, criant et surexcités, avec les deux Hommes-Taureaux, les reins ceints d’étoffe blanche. Puis venait Moreau dans un groupe de bipèdes divers. Il avait perdu son chapeau de paille à larges bords et il courait le revolver au poing et ses longs cheveux blancs flottant au vent. L’Hyène-Porc bondissait à mes côtés, allant de la même allure que moi et me lançant, de ses yeux félins, des regards furtifs, et les autres suivaient derrière nous, trépignant et hurlant.

L’Homme-Léopard se frayait un chemin à travers les grands roseaux qui se refermaient derrière lui en cinglant la figure de M’ling. Nous autres, à l’arrière, nous trouvions, en atteignant le marais, un