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l’île du docteur moreau

Le premier qui arriva fut le Satyre, étrangement irréel, bien qu’il projetât une ombre et secouât la poussière avec ses pieds fourchus ; après lui, des broussailles, vint un monstrueux butor, tenant du cheval et du rhinocéros et mâchonnant une paille en s’avançant ; puis apparurent la Femme-Porc et les deux Femmes-Loups ; ensuite la sorcière Ours-Renard avec ses yeux rouges dans sa face pointue et rousse, et d’autres encore, — tous s’empressant et se hâtant. À mesure qu’ils approchaient, ils se mettaient à faire des courbettes devant Moreau et à chanter, sans se soucier les uns des autres, des fragments de la seconde moitié des litanies de la Loi.

— À lui la main qui blesse ; à lui la main qui blesse ; à lui la main qui guérit, et ainsi de suite.

Arrivés à une distance d’environ trente mètres, ils s’arrêtaient et, se prosternant sur les genoux et les coudes, se jetaient de la poussière sur la tête. Imaginez-vous la scène, si vous le pouvez : nous autres trois, vêtus de bleu, avec notre domestique difforme et noir, debout dans un large espace de poussière jaune, étincelant sous le soleil ardent, et entourés par ce cercle rampant et gesticulant de monstruosités, quelques-unes presque humaines