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l’île du docteur moreau

Les provisions furent débarquées et l’on construisit la maison. Les Canaques établirent leurs huttes près du ravin. Je me mis à travailler ici sur ce que j’avais apporté. Au début, des choses désagréables arrivèrent. Je commençai avec un mouton, mais, après un jour et demi de travail, mon scalpel glissa et la bête mourut ; je pris un autre mouton ; j’en fis une chose de douleur et de peur et bandai ses blessures pour qu’il guérît. Une fois fini, il me sembla parfaitement humain, mais quand je le revis, j’en fus mécontent. Il se rappelait de moi, éprouvait une terreur indicible et n’avait pas plus d’esprit qu’un mouton. Plus je le regardais, plus il me semblait difforme, et enfin je fis cesser les misères de ce monstre. Ces animaux sans courage, ces êtres craintifs et sensibles, sans la moindre étincelle d’énergie combative pour affronter la souffrance, ne valent rien pour confectionner des hommes.

Puis, je pris un gorille que j’avais, et avec lui, travaillant avec le plus grand soin, venant à bout de chaque difficulté, l’une après l’autre, je fis mon premier homme. Toute une semaine, jour et nuit, je le façonnai ; c’était surtout son cerveau qui avait besoin d’être retouché ; il fallut y ajouter grande-