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l’île du docteur moreau

d’un chien, puis un murmure confus de voix, le claquement d’un fouet. Ces bruits s’accrurent, puis diminuèrent, remontèrent le courant, pour s’évanouir. Pour un temps, la chasse semblait terminée.

Mais je savais maintenant quelle chance de secours je pouvais trouver dans ces bipèdes.

Je repris ma route vers la mer. Le ruisseau d’eau chaude s’élargissait en une embouchure encombrée de sables et d’herbes, sur lesquels une quantité de crabes et de bêtes aux longs corps munis de nombreuses pattes grouillèrent à mon approche. J’avançai jusqu’au bord des flots, où, enfin, je me sentis en sécurité. Je me retournai et, les mains sur les hanches, je contemplai l’épaisse verdure dans laquelle le ravin vaporeux faisait une brèche embrumée. Mais j’étais trop surexcité et — chose réelle, dont douteront ceux qui n’ont jamais connu le danger — trop désespéré pour mourir.

Alors, il me vint à l’esprit que j’avais encore une chance. Tandis que Moreau, Montgomery et leur cohue bestiale me pourchassaient à travers l’île, ne pourrais-je pas contourner la grève et arriver à l’enclos ? tenter de faire une marche de flanc contre eux et alors, avec une pierre arrachée au mur peu solidement bâti, briser la serrure de la petite porte et