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l’île du docteur moreau

J’escaladai l’étroite crevasse et débouchai sur la solfatare du côté ouest du village des hommes-animaux. Je franchis cet espace en courant, descendis une pente abrupte où poussaient quelques arbres épars, et arrivai à un bas-fond plein de grands roseaux. Je m’y engageai, avançant jusqu’à un épais et sombre fourré dont le sol cédait sous les pieds.

La brèche avait été, pour moi, une chance inespérée, car le sentier étroit et montant obliquement dut gêner grandement et retarder ceux qui me poursuivaient. Au moment où je m’enfonçai dans les roseaux, le plus proche émergeait seulement de la crevasse.

Pendant quelques minutes, je continuai à courir dans le fourré. Bientôt, autour de moi, l’air fut plein de cris menaçants. J’entendis le tumulte de la poursuite, le bruit des roseaux écrasés, et, de temps en temps, le craquement des branches. Quelques-uns des monstres rugissaient comme des bêtes féroces. Vers la gauche, le chien aboyait ; dans la même direction, j’entendis Moreau et Montgomery pousser leurs appels. Je tournai brusquement vers la droite. Il me sembla à ce moment entendre Montgomery me crier de fuir, si je tenais à la vie.