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l’île du docteur moreau

Dans le coin le plus sombre de la hutte était accroupie une masse informe qui grogna en me voyant ; mon Homme-Singe resta debout, éclairé par la faible clarté de l’entrée, et me tendit une noix de coco ouverte, tandis que je me glissai dans le coin opposé où je m’accroupis. Je pris la noix et commençai à la grignoter, l’air aussi calme que possible, malgré ma crainte intense et l’intolérable manque d’air de la hutte. La petite créature rose apparut à l’ouverture, et quelque autre bipède avec une figure brune et des yeux brillants vint aussi regarder par-dessus son épaule.

— Hé ? grogna la masse indistincte du coin opposé.

— C’est un Homme, c’est un Homme, débita mon guide ; un Homme, un Homme, un Homme vivant, comme moi !

— Assez ! intervint avec un grognement la voix qui sortait des ténèbres.

Je rongeais ma noix de coco au milieu d’un silence impressionnant, cherchant, sans pouvoir y réussir, à distinguer ce qui se passait dans les ténèbres.

— C’est un Homme ? répéta la voix. Il vient vivre avec nous ?