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l’île du docteur moreau

roche nue, j’aperçus l’étendue bleue de la mer. Le sentier se repliait brusquement en un ravin étroit entre deux masses écroulées de scories noirâtres et noueuses. Nous y descendîmes.

Ce passage, après l’aveuglante clarté que reflétait le sol sulfureux, était extrêmement sombre. Ses murs se dressaient à pic et vers le haut se rapprochaient. Des lueurs écarlates et vertes dansaient devant mes yeux. Mon conducteur s’arrêta soudain.

— Chez moi, dit-il.

Je me trouvais au fond d’une fissure, qui, tout d’abord, me parut absolument obscure. J’entendis divers bruits étranges et je me frottai énergiquement les yeux avec le dos de ma main gauche. Une odeur désagréable monta, comme celle d’une cage de singe mal tenue. Au delà, le roc s’ouvrait de nouveau sur une pente régulière de verdures ensoleillées, et, de chaque côté, la lumière venait se heurter par un étroit écartement contre l’obscurité intérieure.