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l’île du docteur moreau

— Combien de temps… fit-il.

Après que je lui eus répété la question, il ouvrit doigts de sa main. Il valait donc un peu mieux qu’un idiot. J’essayai de lui faire préciser ce qu’il voulait dire par ce geste, mais cela parut l’ennuyer beaucoup. Après deux ou trois interrogations, il s’écarta soudain et sauta après quelque fruit qui pendait d’une branche d’arbre. Il arracha une poignée de gousses garnies de piquants et se mit à en manger le contenu. Je l’observai avec satisfaction, car, ici du moins, j’avais une indication pour trouver à me sustenter. J’essayai de lui poser d’autres questions, mais ses réponses, rapides et babillardes, étaient la plupart du temps intempestives et incohérentes : rarement elles se trouvaient appropriées, et le reste semblait des phrases de perroquet.

Mon attention était tellement absorbée par tous ces détails que je remarquai à peine le sentier que nous suivions. Bientôt nous passâmes auprès de troncs d’arbres entaillés et noirâtres, puis, dans un endroit à ciel ouvert, encombré d’incrustations d’un blanc jaunâtre, à travers lequel se répandait une âcre fumée qui vous prenait au nez et à la gorge. Sur la droite, par-dessus un fragment de