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l’étoile

Le troisième jour de la nouvelle année, ceux qui, dans les deux hémisphères, lurent les journaux, furent avertis pour la première fois de la réelle importance que pouvait avoir cette insolite apparition dans les cieux. Un journal de Londres intitula la nouvelle : Une collision de planètes, et publia l’opinion de Duchaine que cette étrange planète nouvelle heurterait probablement Neptune. Les chroniqueurs développèrent le sujet ; si bien que dans la plupart des grandes capitales du monde, on était, le 3 janvier, dans l’expectative, encore que vague, de quelque imminent phénomène astronomique ; et quand, autour du globe, la nuit suivit le crépuscule, des milliers de gens levèrent les yeux vers le ciel pour voir… les vieilles et familières étoiles, telles qu’elles avaient toujours été.

À Londres, l’astre apparut vers l’aurore, à l’heure où Pollux disparaît et les étoiles pâlissent : une aurore d’hiver, une infiltration de lumière malsaine qui s’accumule, et la lueur du gaz et des lampes qui brillait, jaune, aux fenêtres où les gens veillaient. Le policeman somnolent l’aperçut ; les foules affairées dans les marchés s’arrêtèrent bouche bée ; les ouvriers se rendant à leur ouvrage matinal, les laitiers, les cochers des fourgons des postes, les viveurs et les noctambules qui rentraient excédés et pâles, les vagabonds sans logis, les sentinelles à leur poste, et, dans la campagne, le laboureur