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les pirates de la mer

flots et, trouvant que l’épaisse couche de plantes marines qui les recouvrait les rendait extrêmement glissantes, il s’arrêta, enleva ses souliers et ses chaussettes, et replia son pantalon au-dessus de ses genoux. Il voulait simplement éviter de trébucher dans les flaques des roches, et peut-être était-il heureux, comme le sont tous les hommes, d’avoir une excuse pour retrouver, même un instant, des sensations de son enfance. En tout cas, c’est à cette circonstance que, sans aucun doute, il doit la vie.

Il s’avançait vers son but avec toute l’assurance que donne à leurs habitants l’absolue sécurité de nos contrées à l’égard de toutes les formes de la vie animale. Les corps ronds se mouvaient de ci de là, mais ce fut seulement en arrivant au haut de la roche qui les cachait en partie, qu’il reconnut de quelle horrible nature était sa découverte. Il en fut saisi.

Lorsqu’il apparut sur la cime de la roche, les corps ronds se séparèrent, laissant voir l’objet rosâtre qui n’était autre chose qu’un cadavre en partie dévoré d’être humain, sans qu’on pût distinguer si c’était un corps d’homme ou de femme. Ces masses rondes étaient des créatures nouvelles, d’aspect hideux, ressemblant quelque peu à des pieuvres, et munies de tentacules énormes, très longs et flexibles, dont les nombreux replis s’étalaient sur le sol. Leur peau était d’un tissu relui-