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l’œuf de cristal

rière-boutique — blasphémant généreusement : apprenti chez un ébéniste au bas de la même rue et prenant ses repas à la maison, il était naturellement furieux de ne pas trouver le dîner prêt.

Mais quand il apprit la perte de l’œuf de cristal, il oublia son repas, et sa colère se tourna sur son beau-père. Leur première idée fut, nécessairement, qu’il l’avait caché, mais M. Cave certifia énergiquement n’avoir aucune connaissance de son sort — offrant gratuitement sa pataugeante affirmation — et fit si bien qu’il arriva à accuser d’abord sa femme, puis son beau-fils de l’avoir pris pour le vendre à leur propre profit. Ainsi commença une discussion extrêmement acrimonieuse et émotionnante, qui se termina pour Mme  Cave en un spécial accès nerveux, quelque chose entre l’épilepsie et la folie furieuse, ce qui mit le beau-fils en retard d’une demi-heure à son atelier. M. Cave se réfugia dans sa boutique, loin des émotions conjugales.

Le soir, le sujet fut remis en question, avec moins de passion et à un point de vue pratique, sous la présidence de la belle-fille. Le dîner fut malheureux et finalement la discussion se changea en une pénible scène. M. Cave se laissa aller à une exaspération apparemment extrême, et il sortit en faisant violemment claquer la porte. Le reste de la famille, l’ayant dénigré et malmené avec une liberté que son absence garantissait, se mit à chercher de