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les pirates de la mer

peu agressif, se retira, après un bref échange de paroles, d’une façon extrêmement civile, pour ce qui l’intéressait personnellement. Alors les regards de Mme  Cave allèrent naturellement vers la vitrine : car la vue de l’œuf de cristal était pour elle l’assurance des cinq guinées et la réalité de ses rêves. Quelle fut sa surprise quand elle ne le vit plus à sa place ! Elle alla regarder derrière les casiers où elle l’avait trouvé la veille. Il n’y était pas ; elle se mit immédiatement à le chercher par toute la boutique, fiévreusement.

Quand M. Cave revint de livrer ses chiens de mer, vers deux heures moins le quart, dans l’après-midi, il trouva la boutique quelque peu en désordre, et sa femme, accroupie derrière le comptoir, bouleversant ses matériaux taxidermiques, dans un état d’esprit absolument exaspéré. Sa face apparut toute rouge et coléreuse quand le bruit du timbre eut annoncé le retour de son mari : elle l’accusa sur-le-champ de l’avoir caché.

— Caché quoi ? — demanda M. Cave.

— L’œuf de cristal !

Sur ce, M. Cave, en apparence grandement surpris, se précipita vers la vitrine.

— Il n’est plus là ? Grands Dieux ! qu’est-ce qu’il est devenu ?

Au même moment, le beau-fils de M. Cave, qui était rentré un instant auparavant, sortit de l’ar-