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les pirates de la mer

que surprise et lui demandèrent pour quelle raison il ne l’avait pas dit tout de suite. M. Cave devint fort confus, et s’empêtra dans une histoire invraisemblable, prétendant qu’il ne pouvait pas vendre le cristal cette après-midi-là, qu’un acheteur probable l’avait déjà retenu. Les deux clients, croyant de sa part à une tentative pour élever encore le prix, firent semblant de s’en aller. Mais à ce moment la porte de l’arrière-boutique s’ouvrit et la propriétaire des deux petits yeux entra.

C’était une femme corpulente, aux traits vulgaires, plus jeune et beaucoup plus grosse que M. Cave : elle marchait pesamment et sa figure était rubiconde.

— Le cristal est à vendre, — affirma-t-elle, — et cinq guinées, c’est un prix bien suffisant. Je me demande ce qui vous prend, monsieur Cave, de ne pas accepter les offres de ces messieurs.

M. Cave, grandement troublé par cette irruption, jeta à sa femme, par-dessus ses lunettes, un regard de colère, et, sans excessive assurance, affirma son droit de conduire ses affaires comme il l’entendait. Une altercation s’en suivit. Les deux clients observèrent la scène avec intérêt et amusement, secourant à l’occasion Mme  Cave par des questions et des suggestions. M. Cave, fort malmené, persista dans son impossible et confuse histoire d’un client venu dans la matinée, et son agi-