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les pirates de la mer

session. Il se rendit parfaitement compte que ce don exigeait, pour s’exercer, des précautions et de la vigilance, mais, autant qu’il pouvait en juger, les difficultés qu’il lui faudrait surmonter avant d’en être bien maître n’étaient pas plus grandes que celles qu’il lui avait déjà fallu affronter pour apprendre à monter à bicyclette. Ce fut cette analogie peut-être, tout autant que le sentiment qu’il serait malvenu au Long Dragon, qui l’entraîna après le dîner dans la petite rue déserte derrière l’usine à gaz, pour y répéter en particulier quelques miracles.

Il y eut probablement dans ses tentatives un certain manque d’originalité, car, à part son pouvoir volontaire, M. Fotheringay n’était pas un homme très exceptionnel. Le miracle de la verge de Moïse lui revint à l’esprit, mais la nuit était sombre et peu favorable à l’apprivoisement de grands serpents miraculeux. Alors il se rappela l’histoire de Tannhauser qu’il avait lue au verso du programme des concerts philharmoniques. Cela lui parut singulièrement attrayant et inoffensif. Il enfonça sa canne dans le gazon qui bordait le sentier et lui commanda de fleurir. L’air fut immédiatement embaumé de la senteur des roses, et avec une allumette qu’il enflamma, il vit de ses yeux que ce superbe miracle était réellement accompli. Sa satisfaction fût interrompue par un bruit de pas qui s’avançaient.