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l’homme qui pouvait accomplir des miracles

s’aperçut que c’était une allumette suédoise. Il la jeta par terre, et il lui vint alors à l’esprit qu’il aurait pu la demander tout allumée. Il le voulut, et il la vit tout à coup s’enflammer au milieu de la natte, devant sa table de toilette. Il la ramassa vivement, et elle s’éteignit. La conscience de son pouvoir s’augmenta, et, en tâtonnant, il replaça la bougie dans le chandelier.

— Allons, allume-toi ! — dit M. Fotheringay, et incontinent la bougie s’alluma et il vit un petit trou noir dans la housse de la toilette avec un peu de fumée qui s’en élevait. Un instant, ses yeux allèrent de la fumée à la flamme, puis il rencontra son propre regard dans la glace. Par ce moyen, il communia avec lui-même en silence pendant un certain temps.

— Que penses-tu des miracles ? — dit enfin M. Fotheringay en s’adressant à sa propre réflexion. Ses subséquentes méditations furent d’un genre sévère, mais confus. Autant qu’il pouvait s’en rendre compte, c’était pour lui une affaire de pure volonté. La nature de ses expériences jusqu’ici le disposait peu à en tenter de nouvelles, du moins pas avant de les avoir examinées de nouveau. Mais il souleva du regard une feuille de papier, colora un verre d’eau en rose, puis en vert ; il créa un colimaçon qu’il annihila miraculeusement, et il se fit présent d’une non moins miraculeuse brosse à dents. Vers