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la pomme


— On trouverait bien vite la comédie, — dit M. Hinchcliff, grandement frappé par cette idée.

— Et chose pire… se connaître soi-même… dépouillé de ses plus intimes illusions… se voir soi-même à sa place… voilà tout ce que les désirs et les faiblesses nous ont empêché de faire… sans la moindre indulgente atténuation…

— Mais cela serait une chose excellente… Con-nais-toi toi-même !… Vous souvenez-vous ?

— Vous êtes jeune ! — dit l’étranger.

— Si vous ne vous souciez pas de le manger et qu’il vous soit à charge, pourquoi ne le jetez-vous pas, tout simplement ? — Ici encore, sans doute, vous ne me comprendrez pas. Pour moi, je me demande comment on pourrait jeter une chose comme celle-là, brillante, merveilleuse ? Une fois qu’on l’a, on est lié. Mais d’un autre côté : la donner ! La donner à quelqu’un qui ait soif de connaissances, qui n’éprouverait aucune terreur à la pensée de cette claire perception…

— D’ailleurs, — risqua pensivement M. Hinchcliff, — ce peut être quelque fruit vénéneux.

À ce moment son œil aperçut par la fenêtre du compartiment quelque chose d’immobile, l’extrémité d’un grand écriteau blanc avec des lettres noires : … MWOOD. À cette vue, il tressaillit :

— Bon sang ! — exclama-t-il, — Holmwood !…

La réalité présente chassa soudain les imagina-