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la pomme

la Connaissance. L’homme peut avoir eu… une sorte de mirage pourrait-on dire, supposons…

— Regardez-le, — fit l’étranger.

C’était, à coup sûr, un globe d’aspect étrange, non pas exactement une pomme, comme M. Hinchcliff put s’en rendre compte, mais un fruit d’une couleur dorée, brillant curieusement, comme si la lumière elle-même faisait partie de sa substance. Tout en la considérant, il se représentait plus vivement le vallon désolé au milieu des montagnes, les épées de flammes qui le gardaient et tous les étranges détails de l’histoire qu’il venait d’entendre. Il se frotta vigoureusement les yeux.

— Mais… — commença-t-il.

— Il est resté tel que cela, lisse et frais pendant trois mois, un peu plus longtemps que cela même, sans se dessécher, sans se flétrir, sans se corrompre.

— Mais… vous… vous-même… croyez-vous réellement que… ?

— C’est le Fruit Défendu.

Il n’y avait pas moyen de se méprendre sur la sincérité de ton et sur la parfaite lucidité d’esprit de l’homme.

— Le Fruit de la Connaissance, — dit-il. — Bien, admettons-le, — dit M. Hinchcliff après une pause et les yeux toujours fixés sur le fruit, — mais après tout, — continua-t-il, — ce n’est pas