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la pomme

nelle de l’Éden, prosternèrent leur visage contre terre comme des hommes frappés de mort… Quand ils osèrent lever les yeux, la vallée était de nouveau dans l’obscurité, puis la clarté reparut venant vers eux, transparente comme l’ambre… Le berger à cette vue bondit sur ses pieds et avec un grand cri se mit à courir à toutes jambes vers la lumière, mais l’autre était trop effrayé pour le suivre. Il demeurait étourdi, frappé de stupeur, terrifié, regardant son compagnon s’éloigner vers la lueur mouvante. À peine le berger avait-il pris sa course qu’il y eut un bruit comme un coup de tonnerre, le battement d’ailes invisibles au-dessus de la vallée et une épouvante indicible ; en me contant la chose l’homme qui me donna le fruit regardait anxieusement autour de lui comme s’il cherchait encore à se sauver. Remontant la pente aussi vite qu’il le pouvait, avec ce tumulte courant derrière lui, il se heurta contre un de ces arbres rabougris et un fruit mûr tomba dans sa main : celui-ci. Immédiatement il fut entouré d’un bruit d’ailes et de tonnerre. Il tomba et s’évanouit, et, quand il reprit ses sens, il se retrouva au milieu des ruines noircies et fumantes de son village où, avec d’autres personnes, je donnais mes soins aux blessés. Une vision ? Mais il tenait encore serré dans sa main le fruit doré de l’arbre. Il y avait là d’autres gens qui connaissaient la