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La tentation d’harringay

rience devenait nécessaire. Les sourcils… mais ce ne pouvait être les sourcils. Pourtant, il les retoucha. Non, ce n’était pas mieux ; et même, à vrai dire, un peu plus satanique encore. Le coin de la bouche ? Toujours ce retroussement railleur… et maintenant, retouché, il était hideusement sinistre. L’œil alors ? Catastrophe ! Il y mettait du vermillon et il était sûr cependant d’avoir pris du brun. L’œil, maintenant, semblait rouler dans son orbite et lui lancer des regards enflammés. Avec un mouvement de colère, peut-être avec le courage de l’épouvante, il flanqua son pinceau plein de rouge à travers la toile, et alors, une chose fort curieuse, une chose fort étrange vraiment se produisit — si elle se produisit réellement :

Le diabolique Italien ferma les yeux, plissa la bouche et essuya avec sa main la couleur qui le barbouillait.

Puis l’œil rouge se rouvrit, avec un bruit de lèvres collées qui se séparent, et, souriant, le portrait proféra :

— Vous avez les mouvements un peu vifs.

Harringay déclare qu’à ce moment, les choses en venant au pis, il retrouva tout son sang-froid. Il avait la réconfortante persuasion que les démons sont des créatures raisonnables.

— Et vous, — répliqua-t-il, — qu’avez-vous à vous trémousser sans cesse, à faire des grimaces