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les pirates de la mer

Moyen Âge italien… Avec l’esquisse habile d’une coupe d’or dans un coin, on penserait à Benvenuto Cellini, mais le teint n’irait pas très bien.

Il bavardait de la sorte, prétend-il, pour réprimer un désagréable sentiment de frayeur qu’il ne pouvait s’expliquer. Le portrait avait maintenant une expression rien moins qu’aimable, plus vivante que jamais certes, et plus vivante, malgré son sourire sinistre, que tous les portraits qu’il avait peints jusqu’à ce jour.

— Appelons-le Portrait d’un Gentilhomme, — décida Harringay. — Un Gentilhomme… Ça n’ira pas, — continua-t-il, conservant à grand’peine son courage. — On crierait au mauvais goût. Ce ricanement doit disparaître. Cela parti, avec un peu plus de feu dans le regard… Tiens, je n’avais pas encore remarqué l’éclat de l’œil… et ça pourrait faire… quoi ?… Un Pèlerin Passionné ? Hum ! de ce côté du détroit, la figure serait bien un peu diabolique… c’est quelque chose d’imprécis qui donne cet effet-là, sans doute, les sourcils qui sont trop obliques…

Et sur ces derniers mots, il abaissa davantage les stores pour obtenir une meilleure lumière ; puis il reprit sa palette et ses pinceaux.

Le portrait semblait animé d’une vie à lui propre, et il était impossible au peintre de découvrir d’où provenait cette expression diabolique. Une expé-