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LA TENTATION D’HARRINGAY


Il est absolument impossible d’affirmer l’authenticité de cette aventure, car elle repose entièrement sur les dires de R. M. Harringay, qui est artiste. Suivant sa version, Harringay entra dans son atelier vers dix heures, un matin, pour voir ce qu’il pourrait faire de la figure à laquelle il avait travaillé la veille. C’était la tête d’un joueur d’orgue italien et Harringay pensait, sans être bien décidé, l’appeler Vigile ou Ferveur. Tout va bien jusqu’ici et son récit est marqué au coin de la plus parfaite véracité. Il avait vu l’homme quémander des sous et, avec la promptitude du génie, il l’avait immédiatement emmené.

— Mettez-vous à genoux et regardez cette console comme si elle allait vous jeter des sous… Ne montrez pas les dents… Je ne veux pas peindre vos gencives… Là, bien… Maintenant, prenez un air malheureux.

Après une nuit de repos, son œuvre ne le satisfaisait plus du tout.