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les triomphes d’un taxidermiste.

l’appelle communément Feuh, sans doute parce qu’il est éteint. Vous comprenez ?… Eh bien ! on s’est procuré de ses os, et on a même trouvé dans les marais des plumes et des morceaux de peaux sèches. Et maintenant, je vais fabriquer — ma foi ce n’est pas la peine d’en faire mystère — je vais fabriquer un Feuh entièrement empaillé. Je connais quelqu’un là-bas qui prétendra l’avoir découvert dans une sorte de marécage antiseptique et dira qu’il l’a empaillé immédiatement parce qu’il menaçait de se corrompre. Les plumes sont quelque chose de particulier, mais j’ai trouvé un moyen simplement délicieux de les imiter avec des fragments de plumes d’autruche passés à la flamme. Oui, c’est là l’odeur nouvelle que vous avez remarquée. On ne pourrait se rendre compte de la fraude qu’avec un microscope, et personne ne se soucierait de gâter pour cela un beau spécimen.

« De cette façon, vous voyez, je donne un petit coup d’épaule au progrès de la science. Mais tout ceci n’est qu’une simple imitation de la nature. De mon jeune temps, j’ai fait mieux que cela. Je l’ai… je l’ai battue…

Il ramena ses pieds à terre et se pencha confidentiellement vers moi.

— J’ai créé des oiseaux, dit-il à voix basse, de nouveaux oiseaux, des oiseaux comme on n’en avait encore jamais vu.