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LES TRIOMPHES D’UN TAXIDERMISTE


Voici quelques-uns des secrets de la taxidermie. Ils me furent révélés par un taxidermiste, dans un moment d’expansion. Il me les conta entre son premier et son quatrième verre de whisky, moment où l’homme perd toute circonspection et, cependant, n’est pas encore ivre. Nous étions dans son taudis, qui était à la fois sa bibliothèque, son salon et sa salle à manger, et séparé, du moins quant à la vue, par un rideau de bambous japonais, du fétide réduit dans lequel il s’adonnait à ses travaux.

Il était assis sur un fauteuil pliant, et, quand il ne s’en servait pas pour cogner dans la cheminée les morceaux de charbon réfractaires, il mettait ses pieds, lesquels étaient revêtus, en manière de sandales, des saintes reliques d’une paire de pantoufles en tapisserie, loin du plancher, sur le manteau de la cheminée, parmi les yeux en verre. Son pantalon, entre parenthèses, bien qu’il n’ait rien à faire avec ses triomphes, était d’une étoffe écossaise d’un jaune des plus horribles et tel qu’on les faisait quand nos