Page:Wells - Les pirates de la mer et autres nouvelles, trad Davray, 1902.djvu/201

Cette page a été validée par deux contributeurs.
201
la chambre rouge

le dessus de la cheminée émergeait à nouveau hors des ténèbres, deux bougies dans le coin de la fenêtre le plus éloigné s’éclipsèrent. Mais avec la même allumette je rallumai aussi les appliques d’un miroir et les bougies qui étaient sur le plancher, de sorte qu’un moment je parus gagner de vitesse sur les extinctions. Alors, d’une seule volée, s’évanouirent quatre lumières en des coins différents de la chambre et j’allumai une autre allumette avec une hâte frémissante, hésitant et me demandant par quelle bougie commencer.

Pendant que j’étais indécis, une main invisible sembla pincer la flamme des deux bougies de la table. Avec un cri de terreur je me précipitai vers l’alcôve, puis dans le coin, puis vers la fenêtre, rallumant trois chandelles, tandis que deux autres s’éteignaient près de la cheminée ; puis, voyant un meilleur moyen, je jetai les allumettes sur un coffre cerclé de fer et pris à la main un chandelier ; de cette façon j’évitai le retard de craquer les allumettes : mais malgré tout cela les extinctions continuaient régulières ; et les ombres que je redoutais, contre lesquelles je luttais, revenaient et se glissaient sur moi, gagnant un pas, tantôt de ce côté et tantôt de l’autre. C’était comme un nuage orageux et déchiqueté balayant les étoiles. De temps en temps, une bougie demeurait allumée une minute, puis était soufflée. L’horreur des ténèbres croissantes me