Page:Wells - Les pirates de la mer et autres nouvelles, trad Davray, 1902.djvu/197

Cette page a été validée par deux contributeurs.
197
la chambre rouge

avant de clore les volets, je me mis à genoux pour regarder dans la noire ouverture de la cheminée, je heurtai les panneaux de vieux chêne pour y découvrir quelque issue secrète. Il y avait, dans la chambre, deux immenses glaces ayant de chaque côté une paire de candélabres de porcelaine. J’allumai toutes ces bougies l’une après l’autre. Le feu était préparé, — attention à laquelle je ne m’attendais guère de la part du vieux gardien — je l’allumai pour éviter toute disposition à frissonner, et quand il fut bien pris je lui tournai le dos pour examiner de nouveau la chambre. J’avais approché de la cheminée un fauteuil recouvert de perse et une table formant une sorte de barricade devant moi ; sur la table je plaçai mon revolver à portée de la main. Mon examen précis de la pièce m’avait rassuré, mais je trouvais encore l’obscurité des parties éloignées de la chambre et le parfait silence trop stimulants pour l’imagination. L’écho des craquements et des pétillements du feu n’était en aucune façon un réconfort pour moi. L’ombre de l’alcôve et celle du fond en particulier avaient cette indéfinissable qualité d’une présence qui s’y dissimulait, cette bizarre suggestion d’une chose vivante aux aguets, impression qui s’empare si aisément de vous dans le silence et la solitude. À la fin, pour me rassurer, je pris la bougie, m’avançai jusque-là et me convainquis que rien de tangible ne s’y