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les pirates de la mer

mencé son agonie, car il avait pu ouvrir la porte et était tombé de tout son long sur les cinq marches que je venais de monter. Telle avait été la fin de sa veillée, de sa courageuse tentative pour triompher de la tradition qui peuplait de fantômes le château, et jamais, pensais-je, l’apoplexie n’avait mieux servi la superstition. Il y avait encore d’autres histoires plus anciennes à propos de cette chambre, jusqu’au début incroyable de la légende : cette histoire d’une épouse timide et de la fin tragique qu’eut une farce de son mari qui voulait l’effrayer. À voir cette large chambre obscure avec les baies sombres de ses fenêtres, ses recoins et ses alcôves, on comprenait parfaitement que des légendes aient surgi de ces encoignures noires et de ces ténèbres fécondes en terreurs. Ma bougie avait une petite langue de flamme dont la clarté n’arrivait pas jusqu’à l’autre bout de la chambre, et qui laissait autour d’elle un océan de mystère.

Je résolus de me livrer immédiatement à une exploration systématique de la pièce et de dissiper les imaginations fantaisistes que suggérait cette obscurité avant qu’elles ne se soient imposées à moi. Après m’être assuré que la porte était bien fermée, je commençai à examiner la pièce, faisant le tour de chaque meuble, retroussant les draperies du lit et écartant les tentures. Je relevai les stores et m’assurai des fermetures de diverses fenêtres