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la chambre rouge

avec une netteté surprenante sur le panneau blanc et me donnait l’impression de quelqu’un qui m’attendait en embuscade. Une demi-minute peut-être je restai pétrifié. Puis la main sur mon revolver, dans ma poche, je m’avançai pour reconnaître un Ganymède et un aigle scintillant au clair de lune. Cet incident calma un instant ma nervosité et, sur une table de Boulle, un chinois de porcelaine dont la tête se balança silencieusement comme je passais devant lui ne me donna aucune frayeur.

La porte de la chambre rouge et les marches qui y menaient se trouvaient dans un coin obscur. Avant d’ouvrir la porte, je promenai ma chandelle en tous sens afin de me rendre clairement compte de la nature de la niche dans laquelle je me trouvai. C’était là, me rappelai-je, qu’on avait trouvé mon prédécesseur et le souvenir de cette histoire me donna une soudaine appréhension. Je lançai par-dessus l’épaule un coup d’œil au Ganymède et j’ouvris assez hâtivement la porte de la chambre rouge, à demi tourné encore vers le pâle silence du vestibule.

J’entrai, repoussai immédiatement la porte derrière moi, tournai la clef que je trouvai dans la serrure, à l’intérieur, élevai ma chandelle, aussi haut que je pus, examinant le décor de ma veillée : la grande chambre rouge, dans laquelle le jeune duc était mort ; ou plutôt dans laquelle avait com-