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les pirates de la mer

sible musculature dans le singulier vieux miroir de l’extrémité de la chambre.

— Eh bien ! — dis-je, — si je vois quelque chose cette nuit, je n’en serai que plus savant, car je tente l’aventure sans la moindre idée préconçue.

— C’est vous qui le voulez ! — répéta l’homme au bras paralysé.

J’entendis le bruit d’une canne et un pas lourd et traînant sur le sable du passage extérieur, et la porte craqua sur ses gonds, puis un autre vieillard entra, plus courbé, plus ridé, plus âgé encore que les premiers. Il s’appuyait sur une béquille unique, ses yeux étaient recouverts d’un abat-jour, et sa lèvre inférieure, à demi tordue, pendait, pâle et rose, découvrant des dents gâtées et jaunes. Il se dirigea droit vers un fauteuil de l’autre côté de la table, s’assit maladroitement et se mit à tousser. L’homme au bras paralysé jeta sur ce nouveau venu un rapide coup d’œil de positive répugnance ; la vieille femme sembla ne point remarquer son arrivée et resta les yeux fixés sur les flammes.

— Je vous le dis… c’est vous qui le voulez ! — insista l’homme au bras paralysé quand la toux de l’autre eut cessé pour un instant.

— C’est moi qui le veux, — répondis-je.

L’homme à l’abat-jour s’aperçut alors de ma présence et renversa la tête en arrière et de côté pour me voir. Je distinguai un moment ses yeux petits,