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les argonautes de l’air

multitudineux ramenant des bandes épuisées par un jour de repos au bord de la mer, des pères et des mères trouvaient cette construction sombre, se dressant contre le ciel crépusculaire, utile enfin pour divertir de sa maussaderie un enfant bilieux qui tressaillait soudain au passage rapide d’une immense forme noire qui, les ailes battantes, s’élevait au long des glissoires.

C’était indiscutablement une grande et fameuse tentative et un excellent sujet de conversation ; cependant ce n’était tout de même qu’un essor en lisières et la plupart de ceux qui étaient témoins de ces essais n’admettaient pas que cela fût une chose volante. À cette quantité de passants, cela semblait beaucoup plutôt quelque sorte de montagnes russes.

Monson, ai-je dit, ne se troubla guère tout d’abord des opinions de la presse. Mais peut-être ne s’était-il fait qu’une idée imparfaite du temps qu’il faudrait pour maîtriser les tactiques de l’aviation, pour ajuster définitivement le grand appareil volant à chaque rafale et à chaque mouvement de l’air ; il n’avait peut-être pas non plus prévu quelles sommes lui coûterait cette lutte contre la gravitation. Mais il n’était pas aussi insensible qu’il paraissait. Périodiquement, il recevait des paquets de coupures que lui adressait en secret quelque courrier de la presse ; périodiquement aussi il rece-