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les pirates de la mer

de blanc se tenait à l’arrière, les hélant. Pendant un instant, naturellement, M. Fison pensa à des secours, puis à l’enfant. Il lâcha immédiatement son aviron, leva les bras en un geste frénétique, et cria aux gens du bateau de ne pas s’approcher pour l’amour de Dieu. Cela en dit beaucoup sur le courage et la modestie de M. Fison, qu’il ne semble pas avoir cru qu’il y eût aucune espèce d’héroïsme dans son action en cette circonstance. L’aviron qu’il avait abandonné fut immédiatement entraîné sous les flots et reparut un instant après, flottant à environ vingt mètres de là.

Au même moment, M. Fison sentit le bateau violemment secoué et un cri rauque, un cri prolongé de terreur, poussé par Hill, le matelot, lui fit oublier entièrement les excursionnistes. Il se retourna et vit Hill tombé et cramponné au tolet d’avant, la face convulsée de terreur, le bras droit par-dessus le bord, attiré fortement vers l’eau. Il poussa une série de cris courts et déchirants : Oh ! oh ! oh ! oh ! — M. Fison croit qu’il avait dû se risquer à couper les tentacules jusqu’au-dessous de la ligne de flottaison et qu’il avait dû être saisi à ce moment. Mais il est maintenant tout à fait impossible de dire avec certitude ce qui était arrivé. Le bateau était tellement penché que le plat-bord se trouvait à moins de vingt-cinq centimètres de l’eau, tandis que les deux ouvriers frappaient de toute