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les pirates de la mer

vint à l’idée qu’il pourrait mieux voir s’il éteignait la lampe.

« En ceci, il fut sage. Au bout de quelques minutes les ténèbres veloutées devinrent une sorte d’obscurité translucide, et alors, dans le lointain, et aussi imprécises que la lumière zodiacale d’un soir d’été, il vit des formes se mouvoir au-dessous de lui. Il jugea que ces créatures avaient détaché son câble et le remorquaient au long du fond de la mer.

« Alors, par delà les ondulations de la plaine sous-marine, vague et lointaine, il vit un immense horizon d’une luminosité pâle qui s’étendait de chaque côté aussi loin que sa petite fenêtre lui permettait d’apercevoir. Vers cet horizon, il était remorqué comme un ballon qu’on ramènerait de la plaine vers la ville. Il en approchait très lentement, et très lentement la vague irradiation se précisait en des formes plus définies.

« Il était presque cinq heures lorsqu’il atteignit cette aire lumineuse ; et, vers ce moment, il put distinguer une sorte d’arrangement qui suggérait des rues et des maisons groupées à l’entour d’un vaste édifice sans toit, qui rappelait grotesquement une abbaye en ruines. Tout cela s’étendait au-dessous de lui comme une carte. Les maisons étaient toutes des enclos de murs sans toits, et leur substance étant, comme il le vit plus tard, d’os phosphores-