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les pirates de la mer

vague, mais je le vois tout de même, comme une ombre indistincte. Je me suis aperçu de cela ce matin, pendant qu’on m’habillait. C’est comme un trou dans cet infernal monde de spectres. Mettez votre main tout contre la mienne. Non… pas là… Ah ! oui… je la vois ! le bas de votre pouce et un morceau de manchette. On dirait un bout du fantôme de votre main qui se projette contre le ciel obscur. Tout auprès, il y a un groupe d’étoiles en croix qui apparaît…

De ce jour, l’état de Davidson commença à s’améliorer. La relation qu’il faisait des changements survenus, comme les descriptions de ses visions, était singulièrement convaincante. Par taches, dans son champ visuel, le monde fantasmagorique devint plus vague, transparent pour ainsi dire, et à travers ces brèches limpides il commença à revoir distinctement le monde réel autour de lui. Ces taches augmentèrent en nombre et en étendue, se rejoignirent et s’étendirent jusqu’à ce qu’il n’y eût plus dans son champ visuel que quelques rares coins encore voilés. Il put se lever et se diriger seul, prendre lui-même sa nourriture, lire, fumer et de nouveau se conduire, en somme, comme un ordinaire citoyen. D’abord, ce fut pour lui très déconcertant d’avoir ces deux visions qui se superposaient comme les vues changeantes d’une lanterne magique ; mais au bout de